Les cavités souterraines en France


Les souterrains aménagés

Souterrain de Prinçay (Vienne) - Photo L. Stevens
Souterrain de Prinçay (Vienne) - Photo L. Stevens

Les souterrains aménagés sont des cavités creusées par l'homme permettant un séjour temporaire. Creusés pour la plupart entre le XIe et le XVIe siècle selon un plan précis, ils sont à taille humaine et composés de galerie relativement étroites désservant différentes salles du souterrains. Ces espaces sont aménagés afin de recevoir les occupants. On retrouve ainsi des aménagements de confort tels des banquettes, des niches destinées à recevoir des lampes ou des objets de la vie quotidienne, des conduits d'aération, des sources ou puits à eau, ...

 

Certains souterrains ont reçu une fonction défensives. Ceux-ci sont alors dotés de systèmes de fermeture, de puits-piège, de goulot freinant le passage ou encore de trou de visée. Ces différents aménagement défensifs peuvent être combines afin de renforcés l'efficacité de la défense. Ces souterrains sont généralement connus sous le nom de souterrain-refuge.

 

D'autres souterrains ont reçu une fonction de stockage et sont alors généralement dotés de silos destinés à recevoir du grain ou d'autres céréales qui étaient stockées à l'abri de l'air.

 

Dans l'imaginaire collectif, de nombreux souterrains relient des châteaux ou des églises sur de longue distance, passant sous des rivières. Ces souterrains de communication ou de fuite n'existent généralement pas. Les quelques rares cas de souterrains de fuite ou de communcation sont généralement très court et permettaient de relier deux points d'une forteresse ou une fuite hors des murs.

 

Le souterrain aménagé est généralement associé à un habitat de surface, une habitation, un château, une motte castrale ou encore une église. Il en fait partie intégrante et constitue une extension d'habitat ayant reçu une ou plusieurs fonctions décrites ci-avant.


Les muches

(Photo ARRRAS)
(Photo ARRRAS)

Dans le nord de la France, les souterrains-refuges ont pris un aspect communaitaires. Creusés aux XVIe et XVIIe siècles, ces souterrains permettaient d'accueillir d'accueillir la population villageoise afin de se protéger contre les pillages des troupes armées qui s'affrontent lors des guerres franco-espagnoles. Ces souterrains s'ouvrent généralement à proximité de l'église. Une galerie généralement voûtée à redans traverse la terre meuble et les roches plus friables pour atteindre la craie. Ensuite une ou plusieurs galeries, appelées rues, donne accès à des cellules simples, doubles ou triples qui accueillaient chacune une famille et ses biens. Ces souterrains se rencontrent essentiellement dans les departements du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme.


Les souterrains annulaires

Plan du souterrain annulaire de La Monte (Loire) - (Plan GRAL - E. Clavier)
Plan du souterrain annulaire de La Monte (Loire) - (Plan GRAL - E. Clavier)

Les souterrains annulaires constituent une catégorie particulière des souterrains aménagés. Ceux-ci sont constitués d'une galerie formant un ou plusieurs anneaux. La function de ces souterrains est actuellement indéterminée. On les retrouve le plus souvent dans le massif central (Montagne Thiernoise, Monts du Forez) mais aussi en Corrèze ou dans la régionde Bressuire. Des souterrains du même type se rencontrent également en Basse Autriche, en Bavière (Allemagne) et en Moravie (République Tchèque)


Souterrains militaires

Photo B. Ferrari
Photo B. Ferrari

Les souterrains militaires peuvent être classés en deux catégories :

  1. les souterrains «passifs» destinés à servir d’abri à la troupe ou pour y entreposer du matériel
  2. les souterrains «actifs» conçus pour jouer un rôle tactique et offensif dans une bataille.

Dans la première catégorie, citons les modestes cagnas aménagées dans les parois des tranchées par les combattants de la 1ère guerre mondiale, toujours durant ce conflit les grands tunnels réalisés par les Allemands sous la côte du Mort-Homme à Verdun ou sous la crête des Eparges ainsi que les creutes du Chemin des Dames qui étaient d’anciennes carrières de pierre que les combattants des deux camps aménagèrent comme abris. Egalement dans cette catégorie : tous les organes enterrés des forts (casemates, casernements, magasins à poudre, galeries de liaison, réseaux profonds dits galeries de 17 sous les forts de Verdun, etc…) ainsi que les abris dits « de la Défense Passive » de la seconde guerre mondiale lesquels, bien que destinés à abriter les populations civiles, doivent être considérés comme des souterrains militaires car ils sont étroitement liés à une période de guerre. 

 

Les souterrains militaires «actifs» -qui sont des souterrains de combat- concernent surtout les galeries de mine, de contre-mine et d’écoute, utilisées dès le début du XVIème siècle. Elles servaient à disposer de fortes charges explosives sous les positions de l’adversaire (sous ses tranchées dans le cas d’aménagements de campagne ou sous ses fortifications dans le cas du siège d’une place forte). Rajoutons dans cette catégorie des souterrains actifs les galeries dites « de fusillade » aménagées dans l’escarpe ou la contrescarpe d’un fossé de place forte, les coffres de contrescarpe qui sont caractéristiques des forts Séré de Rivières qui furent remaniés à la toute fin du XIXème siècle et les ouvrages de la Ligne Maginot réalisés durant l’entre-deux-guerres qui sont de vastes fortifications souterraines dont seuls les organes de combat (des tourelles d’artillerie cuirassées éclipsables) se situent en surface.


Les habitations troglodytiques

Site troglodytique de la La Grande Vignole (Anjou) - (Photo L. Stevens)
Site troglodytique de la La Grande Vignole (Anjou) - (Photo L. Stevens)

Les habitations troglodytiques sont des habitations creusées dans la roche. Creusée dans les flancs des coteaux ou parfois en plaine, les habitations troglodytiques ont été creusées tout au long du moyen-âge jusqu'au XIXème siècle. Les plus grandes concentrations se rencontrent dans le Val de Loire ainsi que le long de ses affluents mais aussi dans la vallée de la Seine, le long de la Gironde, en Dordogne, en Provence, ... Si la plupart de ces cavités ont été creusées dans des coteaux, dans la région de Doué la Fontaine (Maine-et-Loire) des troglodytes de plaine ont également été creusés. Les parois du coteau sont recréées artificiellement lors du creusement d'une grande cour dans les parois de laquelle les cavités sont aménagées.

 

Ce ne sont pas seulement des habitats que l'ont retrouve creusés dans la roche mais aussi des châteaux ou encore des chapelles et églises, la plus connue d'entre elles étant sans doute l'église troglodytique d'Aubeterre-sur-Dronne.


Les carrières souterraines

Carrière souterraine en Anjou (Photo L. Stevens)
Carrière souterraine en Anjou (Photo L. Stevens)

Les carrières souterraines sont des cavités artificielles creusées afin d'en extraire la pierre. Ces pierres ont pu servir à batir des édifices, à faire de la chaux, à produire des ardoises (ardoisières),  à extraire du gypse pour en faire du plâtre, ... Elles constituent généralement grandes cavités qui ont dans certaines cas été reconverties en champignonière, en cave à vin ou même en habitation troglodytique. Les mines tout comme les mines ont servit à exploiter des gisements miniers (fer, charbon, uranium, sel, ...). Ceux-ci ont la particularité légale d'être concessibles (code minier).